Par Dominique Mignon, Présidente d’Ecomaison
Ecomaison, être éco-organisme signifie bien plus que remplir une mission réglementaire. C’est assumer un rôle d’ensemblier : relier celles et ceux qui conçoivent, produisent, collectent, réparent, recyclent, recréent.
Ce que nous construisons, filière après filière, c’est un écosystème vivant et évolutif, capable de répondre à la complexité des enjeux environnementaux et économiques.
Notre action ne se limite pas à organiser la collecte et le traitement. Elle commence bien en amont : en identifiant les gisements, en levant les freins, en structurant les filières, en mobilisant des partenaires et en soutenant l’investissement industriel. Notre exigence ? Construire des modèles économiques durables, cohérents avec la loi AGEC, mais surtout utiles aux territoires et à leurs réalités.
En 2024, nous avons poursuivi ce travail de fond avec méthode et détermination. Nous avons renforcé nos liens avec les acteurs de terrain, accompagné nos adhérents et soutenu ceux qui font progresser concrètement l’économie circulaire.
Car c’est là, dans les territoires, que tout prend sens. Là où les gestes de tri s’apprennent, où les alliances se nouent, où l’innovation prend racine. Là où, chaque jour, se joue la réconciliation entre performance environnementale et efficience économique.
Ce rapport est le reflet de cette dynamique. Il met en lumière les liens qui nous permettent d’avancer : avec nos adhérents, avec les collectivités et les associations solidaires, avec les innovateurs, avec les citoyens. Rien de tout cela ne serait possible sans la mobilisation de nos équipes, la confiance de nos partenaires et l’exigence de celles et ceux qui nous soutiennent. Je les remercie chaleureusement.
À travers ce rapport, nous vous proposons de découvrir des chiffres, des projets, des portraits et des récits. Car évoluer, c’est aussi raconter — pour mieux transformer.
“On a décidé d’organiser une nouvelle logique autour des produits du quotidien. C’est une vraie transformation.” Véronique Riotton
Véronique Riotton – La loi AGEC a été la traduction législative d’une dynamique déjà en cours. Elle s’est construite à partir de la feuille de route pour l’économie circulaire et a permis de faire évoluer les
comportements, aussi bien chez les consommateurs que chez les producteurs et les collectivités. Ce que je retiens, c’est l’élargissement ambitieux du champ des filières REP : on a regardé ce qu’il y avait dans nos maisons, et on a décidé d’organiser une nouvelle logique autour de ces produits du quotidien. C’est une vraie transformation.
Véronique Riotton – Ce qui m’a frappée, c’est la dynamique autour de la prolongation de la durée de vie des produits : le réemploi, la réparation. On voit réapparaître des métiers qui existaient, qu’on remet
au goût du jour. C’est une façon de renouer avec des gestes concrets, avec un savoir-faire qu’on redéploie aujourd’hui à grande échelle.
“Si on veut une économie circulaire durable avec une vraie industrie du recyclage sur toutes les matières, il faut donner de la visibilité aux entreprises.” Dominique Mignon
Dominique Mignon – Nous participons activement au Conseil national de l’économie circulaire, que Véronique Riotton a d’ailleurs présidé. Dans ce cadre-là, nous avons travaillé à évaluer ce que la loi AGEC avait déjà permis de mettre en œuvre. Pour nous, écoorganismes, la REP est un outil au service des objectifs de la loi.
Ce qui compte, c’est d’être en capacité de dire : est-ce que les objectifs fixés sont pertinents ? Est-ce qu’ils sont mesurables, atteignables ? Et comment le retour d’expérience des acteurs de terrain – qu’ils soient industriels, collectivités ou opérateurs – permet d’en évaluer concrètement l’efficacité.
Il y a eu de vraies petites révolutions avec la loi AGEC, notamment sur le réemploi et la réparation. Ce sont des objectifs structurants pour les écoorganismes, mais aussi pour les fabricants, les distributeurs… et les consommateurs, qui s’en emparent de plus en plus.
Si on veut une économie circulaire durable, locale, avec une vraie industrie du recyclage sur toutes les matières, il faut donner de la visibilité aux entreprises.
Dominique Mignon – Je suis convaincue que chaque acteur doit y trouver un intérêt. L’économie circulaire ne fonctionne pas si l’un d’entre eux n’est pas embarqué.
Pour les industriels et les distributeurs, c’est la possibilité de participer activement à la reprise, au réemploi, à l’incorporation de matières recyclées – avec, derrière, un vrai enjeu d’industrialisation du
recyclage en France.
Pour les collectivités, ce sont les retombées locales, l’emploi, la structuration de filières économiques sur leur territoire.
Et pour le consommateur, ce qui fait la différence, c’est la simplicité et la proximité du geste.
Il faut aussi que l’économie sociale et solidaire ait toute sa place, en lien avec les entreprises. Chez Ecomaison, c’est ce que nous nous attachons à faire : articuler ces intérêts dans notre organisation
pour tous les objets des filières que nous couvrons.
Dominique Mignon – Je crois profondément que le législateur a un rôle clé. Ce qu’il faut, c’est une vision pluriannuelle, une stabilité de la réglementation.
Si on veut une économie circulaire durable, locale, avec une vraie industrie du recyclage sur toutes les matières, il faut donner de la visibilité aux entreprises.
Les industriels sont prêts à investir s’ils ont confiance dans la loi, dans sa cohérence et dans le cap qu’elle fixe. Et cette confiance, c’est aussi de l’emploi sur les territoires.
Chez Ecomaison, nous avons tous les instruments pour accompagner ces engagements : des dispositifs de reprise, des primes pour la consommation de matières recyclées, des bonus pour l’écoconception.
Alors oui, engagez-vous, innovez, proposez : nous sommes là pour vous donner la visibilité nécessaire et vous accompagner dans la durée. Ensemble, on peut faire entrer concrètement l’économie circulaire dans la vie quotidienne de chacun.
Véronique Riotton – Engagez-vous ! L’économie circulaire est un formidable temps d’innovation. C’est une façon de se réapproprier notre manière de consommer, de transformer les habitudes. Et c’est dans les actes du quotidien, sur les territoires, que ça prend corps. Alors il faut faire l’essai, expérimenter – et démontrer que ça marche.
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“C’est ce que recherchent les metteurs en marché : une déclaration plus fluide, un accès facilité à la matière, des démarches plus claires. C’est le cœur de l’offre Ecomaison.” Eric Weisman-Morel
Éric Weisman-Morel : Je choisirais métamorphose. C’est un mot fort,mais je crois qu’il décrit bien ce que nous avons vécu cette année : un vrai changement de posture, un élargissement des missions, une transformation en profondeur de nos pratiques. 2024 est une année de passage, de bascule.
Vincent du Granrut : Pour moi, ce serait structurant. C’est la première année du nouvel agrément pour la filière ameublement, et elle a été marquée par des évolutions majeures : réparation, réemploi, nouvelles dynamiques. On a posé des bases solides pour l’avenir.
“C’est la première année du nouvel agrément pour la filière ameublement, et elle a été marquée par des évolutions majeures : réparation, réemploi, nouvelles dynamiques. On a posé des bases solides pour l’avenir.” Vincent du Granrut
VDG : On voit apparaître deux grands types de synergies. D’un côté, des mutualisations en aval, sur la gestion des déchets : bois, plastique, métal… on peut désormais regrouper les flux et les traiter plus efficacement. De l’autre, des synergies en amont, dans la relation avec les fabricants et distributeurs. On peut leur proposer une plateforme unique pour plusieurs types de produits mis en marché avec une nomenclature uniformisée, des solutions et services communs ou une communication harmonisée. Cela
simplifie beaucoup les choses.
EWM : Oui, et c’est particulièrement intéressant pour la collecte et le recyclage. Les fabricants comme
les distributeurs ont aujourd’hui accès à des matières premières secondaires que nous pouvons leur mettre à disposition, avec des niveaux de qualité et de qualification qui les rendent pleinement exploitables dans leurs propres produits.
EWM: Le modèle Ecomaison est un modèle pertinent, en particulier pour des entreprises présentes sur plusieurs filières ou produits.
Elles bénéficient d’un interlocuteur privilégié pour la mise en marché, la collecte et l’accès à la matière recyclée. C’est une évolution majeure pour l’ameublement et le bâtiment. Ce modèle basé sur la synergie et la mutualisation fonctionne pour les entreprises concernées par la mise en marché comme pour celles qui sont concernées par les déchets.
EWM : Je dirais simplicité. C’est ce que recherchent les metteurs en marché : une déclaration plus fluide, un accès facilité à la matière, des démarches plus claires. C’est le cœur de l’offre Ecomaison. Bien sûr, tout n’est pas encore parfait, mais cette simplification est déjà en cours, et elle va se poursuivre en 2025. On progresse sur la codification des produits, sur les points de reprise, sur l’incorporation des matières premières secondaires. C’est un nouveau mode opératoire, et il commence à porter ses fruits.
VDG : Je retiendrais l’AMI Réemploi – l’appel à manifestation d’intérêt qu’on a lancé pour booster le réemploi dans les structures de l’économie sociale et solidaire. On a mobilisé plusieurs millions d’euros pour aider ces structures à s’équiper, à se professionnaliser, à monter en compétences, à trouver de nouveaux approvisionnements ou de nouveaux débouchés.
VDG : Elle est au cœur de la relation avec les adhérents. On organise des groupes de travail autour des matériaux, des produits, de l’innovation, mais aussi sur des sujets économiques comme les barèmes d’éco-participation. L’idée, c’est que les solutions partent du terrain, des réalités vécues en magasin ou en usine.
EWM: Et elle s’exprime aussi dans l’offre de services. On l’a vu : le réemploi est devenu un sujet important, que ce soit pour les consommateurs, pour les entreprises qui développent des gammes de seconde main, ou pour les associations qui assurent le lien. On est vraiment dans une logique de travail collectif, où Ecomaison agit comme catalyseur d’initiatives, en lien avec les distributeurs, les fabricants et les acteurs du réemploi.
EWM : La période que nous traversons est difficile : tension sur les marchés, baisse du pouvoir d’achat, incertitudes globales. Mais malgré cela, les attentes n’ont jamais été aussi fortes autour de la circularité Notre rôle, c’est de vous accompagner. En facilitant la mise en marché de produits à moindre impact. En vous donnant accès à des matières premières recyclées bien qualifiées, en volumes suffisants. En simplifiant les démarches et les outils.
Notre objectif, c’est de vous aider à progresser dans votre démarche de circularité, à votre rythme, mais avec une vision partagée. Et notre engagement, c’est de faire en sorte qu’Ecomaison reste, pour vous, un partenaire fiable, clair et efficace.
Chaque mois de juin depuis six ans, les Innovation Days rassemblent les adhérents d’Ecomaison autour d’innovateurs triés sur le volet par nos équipes expertes. Un événement dédié à l’éco-conception, pour échanger et accélérer ensemble la circularité.
« Nous avons engagé une refonte globale de l’Espaceservices qui est repensé pour chaque catégorie d’utilisateurs. Nous avons commencé par deux parcours structurants, la contractualisation et la déclaration d’éco-participation, car ils sont la pierre angulaire de notre relation avec nos adhérents. L’idée, à terme, est de rendre les obligations réglementaires de nos parties prenantes plus simples », expliquent Cécile Cabré, Directrice Digital et Anaïs Bouvier, Responsable du pôle Expérience Utilisateur.
A la suite de ces travaux, près de 10 000 déclarations importées, pour la mise en marché du T4 2024 , traitées en moyenne en moins de 8 secondes et zéro blocage sur la période de déclaration.
Vincent du Granrut et Laure Bisson lors d’une rencontre lors du salon Produrable expliquent comment Ecomaison accompagne les entreprises qui s’engagent en les soutenant aussi bien sur la recyclabilité de leurs produits que dans l’incorporation de matières recyclées.
Il fixe des objectifs de recyclage et de valorisation encore plus ambitieux par famille de matériaux et des objectifs de collecte par région, et nous oblige à créer deux fonds dédiés : l’un, pour alléger le coût de la réparation des meubles pour les Français, l’autre, pour développer le réemploi solidaire.
Il instaure aussi des écomodulations, pour encourager les pratiques vertueuses des acteurs de l’ameublement, et insiste sur la sensibilisation du consommateur à un comportement d’achat plus responsable lorsque l’objet n’est plus utile mais encore en bon état.
Il nous incite à accompagner encore davantage nos adhérents, pour qu’ils s’inscrivent encore « Nous avons engagé une refonte globale de l’Espaceservices qui est repensé pour chaque catégorie d’utilisateurs. Nous avons commencé par deux parcours structurants, la contractualisation et la déclaration d’éco-participation, car ils sont la pierre angulaire de notre un peu plus dans une économie circulaire. Il nous ouvre de nouvelles possibilités pour sensibiliser plus et mieux les consommateurs aux enjeux de durabilité sur la filière. Et il est surtout un atout pour les entreprises : l’éco-modulation doit les aider à améliorer l’écoconception de leurs produits, et la mise en place de solutions pour réparer, reprendre ou faire réemployer les meubles, à construire une relation durable avec leurs clients. C’est une des clés de leur pérennité.
Toujours le réemploi ! Nous allons lancer de nouveaux appels à manifestation d’intérêt, pour soutenir les projets des distributeurs et fabricants, en particulier via la réfaction, et renforcer les capacités des structures de l’économie sociale et solidaire (ESS). Nous continuerons aussi à tisser des liens entre ces acteurs, en particulier en mettant en place des conteneurs réemploi. Nous allons également étendre notre Bonus Réparation à l’ensemble des meubles et poursuivre le déploiement de nos réparateurs labellisés. Nous travaillerons évidemment toujours à l’amélioration de la recyclabilité des produits et matériaux de nos adhérents, à l’instar des matelas et des panneaux de MDF (panneau de fibres de densité moyenne). Enfin, nous serons partout présents aux côtés de nos adhérents pour encourager la réparation, le réemploi et le recyclage.
Avant la création d’Ecomaison, en 2012, 100 % des matelas jetés étaient enfouis. Aujourd’hui, plus de neuf sur dix connaissent une seconde vie ! Innovateurs soutenus par Ecomaison à travers ses appels à projets, collectivités, fabricants ou distributeurs adhérents, associations partenaires et particuliers aussi, qui sont de mieux en mieux sensibilisés et de plus en plus enclins à jouer le jeu du recyclage : c’est le fruit d’une réussite collective.
Au départ, tout était à inventer pour mettre en place ce cercle vertueux de collecte et de traitement des matelas usagés : vérifier que les mousses, tissus et ressorts pouvaient être valorisés, créer un réseau de lieux où les matelas seraient démantelés et les y acheminer, préparer de nouvelles matières exploitables pour l’industrie à partir des matières récupérées et les redistribuer aux fabricants pour qu’ils les réincorporent dans de nouveaux produits.
100 % des matelas collectés sont valorisés
54 % de la masse d’un matelas est aujourd’hui recyclée : mousse, latex, métaux des ressorts.
C’est une aide financée par Ecomaison qui permet aux consommateurs de profiter d’une réduction immédiate d’environ 20 % lorsqu’ils choisissent de faire réparer plutôt que de jeter. Le Bonus Réparation concerne tous les meubles : sièges, sommier, table, lit, commode, cuisine, placards, mais aussi les parasols et outils de coupe pour le bricolage et le jardin. Pour en bénéficier, il faut faire appel à un réparateur labellisé par Ecomaison. « Le Bonus Réparation est un véritable atout pour nos clients et pour notre activité. Il nous permet de rendre la réparation de meubles anciens et de famille encore plus accessible et économique. », explique Patrick Minvielle, gérant de La Chaiserie.
Pour les consommateurs, c’est l’assurance de faire des économies et de réduire leur impact sur l’environnement. C’est aussi du temps gagné, grâce à un réparateur près de chez eux. « Pour les réparateurs, être labellisé Ecomaison, c’est l’opportunité de valoriser leur savoir-faire et de donner un coup de pouce à leur activité en intégrant à leur offre un service concret, utile et différenciant. », explique Benoit Godon, responsable des fonds réparation au sein d’Ecomaison. Les réparateurs labellisés sont recensés dans l’annuaire des réparateurs Ecomaison et bénéficient d’une visibilité renforcée. Pour Françoise Sourice, responsable du magasin Meubles Sourice : « Quand Ecomaison s’est proposé de nous labelliser, cela correspondait parfaitement à notre pratique. La réparation, c’est redonner leur splendeur aux meubles pour prolonger leur histoire, qu’ils aient été achetés chez nous ou non. »
Distributeurs, artisans, structure de l’ESS, fabricants, réparateurs, monteurs/poseurs… Toute structure facturant une réparation réalisée par un professionnel peut faire bénéficier du Bonus et demander sa labellisation, via un processus en ligne, simple et gratuit : il suffit de présenter son entreprise ou son association et de prouver ses compétences et son expérience. Ecomaison accompagne les réparateurs engagés dans ce parcours depuis avril 2023.
Concrètement, le réparateur labellisé offre la réduction, qui est forfaitaire, sur la facture de réparation. Il est remboursé directement par Ecomaison. Il s’engage à garantir ses réparations pendant six mois, informer ses clients sur ses tarifs et bonus, et accepter les audits réparation d’Ecomaison. Confort Service, les meubles Sourice ou encore Cuirtex figurent parmi les premiers labellisés. « Devenir réparateur labellisé est dans la continuité de notre vision, dans le respect de la planète. L’inscription se fait très rapidement. Les procédures de remboursement sont simples et facilement applicables. », insiste Emmanuel Soares, dirigeant de Cuirtex.
Ecomaison était pour la 9e année consécutive partenaire du programme annuel de recherche appliquée du Lab de l’Ameublement Français sur l’habitat et le cadre de vie de demain. Au menu de cette édition 2024 : l’optimisation de la gestion des ressources de la filière ameublement. L’enjeu de ces travaux ? Faire émerger de nouveaux concepts et encourager l’innovation des entreprises en faveur d’une filière plus durable. Un moyen aussi, pour Ecomaison, d’inscrire l’économie circulaire dans une dynamique de recherche.
Ecomaison, en partenariat avec Ecominéro, Citeo et Leko, a lancé une expérimentation sur la céramique en France. Une collecte séparée dans trois déchèteries publiques. Objectif de l’initiative : quantifier les volumes, tracer les gisements et chercher des débouchés innovants pour le réemploi et le recyclage. Pour, à terme, transformer les déchets céramiques en ressources à forte valeur ajoutée et diversifier les usages de ce matériau recyclé.
Ecomaison intensifie ses échanges avec les autres éco-organismes européens de la filière matelas : VALUMAT en Belgique, MRN aux Pays- Bas et Eco-Colchon en Espagne. Sous la coordination de l’Association européenne des industries de la literie (EBIA), des rencontres régulières ont été organisées en 2024. Les travaux ont notamment porté sur l’harmonisation des systèmes de fonctionnement, comme les déclarations des metteurs sur le marché et les dispositifs d’éco-modulation. D’autres pays, qui construisent actuellement une filière REP, réfléchissent à rejoindre le groupe et sollicitent Ecomaison pour comprendre comment s’est mise en place la filière de recyclage en France depuis 12 ans.
Nous avons consacré la première année à embarquer les fabricants et les distributeurs de jouets dans la filière. En 2023, nous nous sommes concentrés sur la création de plus de 5 000 points de collecte à proposer aux consommateurs, et avons donc signé des contrats avec les associations, les magasins de jouets et les déchèteries publiques. Notre objectif c’était de pouvoir, à partir de 2024, recueillir les fruits de la collecte, qui s’est traduite par plus de 30 000 tonnes. Ce chiffre est un peu en dessous de nos prévisions, ce qui s’explique notamment par le temps nécessaire pour nos partenaires, comme pour les consommateurs, d’acquérir de nouveaux réflexes. L’an dernier nous avons par ailleurs amélioré l’accompagnement des acteurs du réemploi solidaire avec de nouveaux financements et avons multiplié les supports pédagogiques d’information. Enfin, nous avons prolongé de trois ans le projet pédagogique avec l’académie de Versailles et avons conclu un partenariat similaire avec l’académie de Créteil. Le modèle est désormais bien rodé et il peut se déployer plus largement, d’autant que nous avons l’appui du ministère de l’Éducation.
En 2024, nous avons commencé à disposer de données terrain en termes de matériaux. Sans surprise, le plastique constitue le matériau majoritaire. Nous avons en outre, identifié une problématique, celle des jouets à piles et à batteries qui se retrouvent à tort dans nos contenants. Cela nous conduit à modifier notre stratégie de collecte et de recyclage pour prévenir le risque incendie lié à ces objets. Grâce à une connaissance affinée des jouets collectés et des diverses résines de plastique nous adaptons cette année, notre schéma de recyclage pour augmenter le taux de jouets en plastique recyclés. Le tri des jouets est bien plus complexe que celui des meubles par exemple, à cause de la petite taille et de la diversité des matériaux. Pour Ecomaison, il s’agit d’un véritable défi que nous allons relever.
L’un de nos objectifs majeurs concerne le développement de la collecte chez les distributeurs, afin que les consommateurs y déposent leurs jeux et jouets dont ils ne se servent plus de manière plus systématique. Plus globalement, le schéma de collecte est à présent installé sur le territoire. Nous disposons des capacités d’un point de vue industriel, pour bien collecter un flux qui va continuer à croître. Afin de le renforcer, nous avons mis au point deux grands événements. Le premier, « la mission sauvetage de jouets », s’est illustré par une tournée nationale pour sensibiliser les enfants à la réparation et au réemploi de jeux et de jouets. Le second se concentrera sur la grande collecte solidaire des jouets en novembre qui a vocation à devenir un rendez-vous annuel. Nous allons en outre, renforcer la recherche et l’innovation pour optimiser le tri des jouets et faire en sorte que le plastique recyclé ait suffisamment de valeur pour être réintégré dans de nouveaux produits.
En collaboration avec Jeu Change*, Ecomaison a publié un Guide du réemploi des jouets à destination des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Matthieu Goutti, responsable de la filière Jouets chez Ecomaison, en rappelle le principe : « Ce guide a été créé pour fournir clé en main des bonnes pratiques sur l’identification des différentes catégories de jouets et proposer des astuces pour augmenter le nombre de jouets réemployés tout en limitant les risques relatifs à la sécurité ». Un ouvrage efficace et précieux alors que les achats de jouets d’occasion sont en progression de +35% entre 2021 et 2023**. * Jeu Change, un collectif d’experts indépendants engagés dans la transition écologique et sociale du jouet ** Enquête Circana mars 2024
En 2024, Ecomaison et Circana* ont publié la 3e édition de leur baromètre des jeux et jouets d’occasion. Pour l’éco-organisme, cette vision globale du marché est indispensable pour faire évoluer sa stratégie de développement du réemploi des jeux et jouets. Parmi les résultats notables, figure une hausse de 23% en valeur et 20% en volume. Autre enseignement, si le prix reste la première motivation, la prise de conscience des consommateurs sur l’aspect environnemental ne cesse de progresser.
Offrir des jeux et jouets de seconde main est une tendance touchant quasiment toutes les franges de la population. *Circana : paneliste du marché du jouet
Depuis 2023, le flux de jouets récupérés dans les points de collecte est en constante progression. Cependant, certains d’entre eux représentent un véritable danger : les jouets électriques et électroniques, à piles ou à batterie, peuvent en effet, provoquer un incendie au cours de la chaîne de collecte et de traitement. Aussi Ecomaison, agréé depuis 2022 pour la filière des Jouets non électriques, a défini des consignes de tri. Elles s’adressent aux particuliers comme aux distributeurs, aux collectivités, aux associations du réemploi et aux opérateurs. Avec un conseil clé : bien trier, c’est recycler mais c’est aussi éviter les accidents.
Pour inciter les consommateurs à rapporter leurs produits usagés, il faut leur offrir des solutions simples près de chez eux. Toute l’année, Ecomaison a travaillé pour renforcer le maillage de la collecte, et accompagné les distributeurs dans la mise en place de nouveaux services de reprise de ces articles qui se distinguent par leur très grande diversité.
Ecomaison s’appuie sur les structures de l’ESS (économie sociale et solidaire) pour développer le réemploi de articles de bricolage et de jardin. Avec un triple enjeu : les aider à trouver de nouveaux gisements de produits de qualité, à déployer de nouvelles capacités, et à convaincre les consommateurs qu’ils peuvent venir s’approvisionner chez elles en objets de seconde main. « Rapporter ses outils ou ses jardinières à une structure de l’ESS pour qu’ils soient réemployés n’est pas encore ancré dans l’esprit des Français. C’est pourtant un geste plein de sens pour l’environnement et l’insertion. Nous travaillons ensemble pour combler ce déficit de notoriété », explique Vincent du Granrut, responsable de la filière Brico- Jardin.
L’intégration de la filière Bricolage-Jardin a conduit Ecomaison à collecter de nouvelles sortes d’objets en plastique, de toutes formes et de toutes résines, qu’il faut séparer, broyer, régénérer. En 2024, Ecomaison a multiplié les expérimentations avec des fabricants, notamment français, pour tester des process de préparation de la matière et d’incorporation de plastiques recyclés dans de nouveaux produits, et en mesurer la pertinence économique. « Un vrai chapitre R&D a été ouvert en 2024. Ces expériences nous permettront, dans les trois prochaines années, de proposer à nos partenaires industriels davantage de volumes de matières recyclées à intégrer dans leurs produits neufs », conclut Vincent du Granrut.
Partenaire des Trophées Ze Awards Habitat, Ecomaison a remis les prix des meilleures initiatives RSE Bricolage & Jardin. Plusieurs de nos adhérents, comme Truffaut, L’Entrepôt du Bricolage ou Leroy Merlin ont été distingués, aux côtés d’autres acteurs engagés. Vincent du Granrut a souligné deux évolutions clés : le lancement d’une filière pour les emballages industriels et commerciaux prochainement et la possibilité de déporter son obligation de collecte de matériaux de construction en magasin si un point de collecte situé à moins de 5 km l’accepte.
Philippe Paulic (président de Zepros), Vincent, Pierre Dieuzeide (rédacteur en chef de Zepros Habitat)
journée de sensibilisation par Le Plant B
Ecomaison soutient activement les structures solidaires qui développent des solutions de réemploi pour les produits de bricolage et de jardin : outillages, barbecues, aménagements extérieurs ou encore pots de fleurs. Ces objets collectés sont testés, réparés, reconditionnés puis revendus à prix solidaire. Plus de 80 projets ont déjà vu le jour, portés par des acteurs comme Envie, les Recycleries du Gâtinais ou Emmaüs, avec un objectif clair : éviter le déchet, valoriser l’usage.
Une visite de chantier de réemploi exemplaire avec Doyère Démolition en Ile de France avec les équipes Ecominero, Régie immobilière de la ville de Paris, Métropole du Grand Paris, Région Ile de France, Ekopolis, Fédération Française du Bâtiment.
L’année 2024 a été dense pour la filière Bâtiment. Après une première phase de mise en œuvre rapide en 2023, nous avons poursuivi son déploiement sur l’ensemble du territoire, tout en consolidant les dispositifs déjà en place. On a multiplié les volumes collectés quasiment par 20 ! – ce qui est normal pour une filière en démarrage mais inédit à cette échelle. Cela représente près de 150 000 tonnes pour 2024, ce qui illustre le gigantisme de la filière bâtiment. Cette montée en puissance s’est faite grâce aux équipes d’Ecomaison mobilisées sur le terrain, à la contractualisation de nouveaux opérateurs logistique et recyclage et bien sûr, grâce aux professionnels du bâtiment qui s’impliquent dans la filière.
Le contexte réglementaire a été particulièrement actif également, nécessitant une forte mobilisation de nos équipes pour accompagner nos adhérents dans leurs obligations et intégrer les évolutions issues des cahiers des charges. Nous avons également alerté les services de l’Etat sur l’impact des obligations des cahiers des charges et de la vitesse de montée en puissance sur les montants des contributions et par suite sur leurs soutenabilités économiques pour les acteurs du secteur. Ces alertes ont été entendues puisqu’elles ont donné lieu à l’annonce d’un moratoire en 2025 et de concertation pour la refondation de la filière.
Comme pour les volumes collectés, le maillage territorial des points de collecte a fortement progressé tout au long de l’année, pour en compter 2 416 à fin 2024. Nous avons poursuivi l’équipement des magasins et des négoces, avec la mise en place de zones de collecte adaptées, incluant l’installation de bennes et de contenants spécifiques permettant de trier les matériaux à la source. Notre objectif reste toujours le même : apporter des solutions concrètes et facilement accessibles aux artisans et professionnels du bâtiment pour leurs déchets triés. En parallèle, nous avons renforcé la contractualisation avec les collectivités et les déchèteries professionnelles, en lien avec l’organisme coordinateur OCAB. Cette dynamique collective permet aujourd’hui de proposer une solution sur l’ensemble du territoire.
La professionnalisation des dispositifs de tri à la source, en particulier pour le bois et les matériaux non-inertes tels que les plastiques ou encore les huisseries, permet d’améliorer la qualité du gisement et de maximiser les taux de valorisation. L’application du nouveau barème d’éco-participation, entré en vigueur en mai 2024 a accompagné cette montée en puissance, tout en soutenant plus fortement l’intégration de matières recyclées via des dispositifs d’éco- modulation.
Le réemploi constitue un axe fort de développement pour la filière Bâtiment. En 2024, Ecomaison a engagé aux côtés d’Ecominéro, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) spécifique pour identifier et soutenir des projets de réemploi sur les chantiers. Cette initiative vise à structurer des filières pérennes capables de valoriser les gisements issus des opérations de déconstruction et de réhabilitation, en lien étroit avec les professionnels du bâtiment et les acteurs du réemploi. L’enjeu est double : préserver la valeur des matériaux encore utilisables et réduire les volumes de déchets à traiter. Ces premiers travaux ont permis de bâtir les fondations nécessaires à une montée en puissance du réemploi dès 2025.
« Notre objectif reste toujours le même : apporter des solutions concrètes et facilement accessibles aux artisans et professionnels du bâtiment pour leurs déchets triés. » Denis Blanchard
Pour 2025, nos priorités sont multiples : continuer à densifier le maillage des points de collecte et poursuivre les optimisations du schémas logistiques pour contenir les coûts, poursuivre l’accompagnement des metteurs sur le marché dans leurs démarches de mise en conformité. D’un point de vue opérationnel, nous travaillons sur la massification des flux de matériaux et l’amélioration de la traçabilité, notamment via les outils digitaux développés pour la filière. Parallèlement, nous poursuivons notre travail de dialogue auprès des pouvoirs publics et parties prenantes dans le cadre de la refondation annoncée par la ministre de la Transition écologique afin de garantir un développement juste, équilibré, notamment entre matériaux, et économiquement soutenable par la filière. 2026 se prépare maintenant.
En 2024, Ecomaison a lancé deux nouveaux services pour accompagner les artisans et entreprises du bâtiment dans la gestion de leurs déchets de chantier. Objectif : favoriser le tri des déchets tout en leur permettant de faire des économies. Deux offres sur mesure ont été développées avec Ecominéro : l’offre « Entrepôt », pour les sites regroupant des volumes triés, et l’offre « Chantier », pour déposer gratuitement les déchets triés (bois, inertes, mobilier, huisseries) dans nos plateformes partenaires. Une brochure dédiée présente l’ensemble du dispositif.
Accéder directement à :
L’alliance des acteurs du réemploi et des enseignes, par François Chague, Responsable gestion de l’offre de reprise et Nathalie Tubiana, Responsable Nationale Développement Réemploi
En lien constant avec les parties prenantes locales – collectivités, opérateurs, distributeurs, acteurs de l’ESS – les relais territoriaux assurent une présence active, ajustent les dispositifs aux besoins du terrain et contribuent à faire vivre le modèle circulaire d’Ecomaison dans toutes ses dimensions. Pour cela, deux équipes sont à la manœuvre : celle des responsables régionaux (accompagnent opérateurs et collectivités pour optimiser les schémas opérationnels de collecte, tri et recyclage), pilotée par Mathieu Bissuel, et celle des responsables de développement régionaux (accompagnent distributeurs et acteurs du réemploi pour la collecte des produits usagés, leur réemploi ou recyclage), animée par Rafal Ryszka. Elles adaptent ainsi en temps réel leurs réponses selon les différentes attentes. Elles jouent également un rôle de représentation d’Ecomaison auprès des instances régionales.
De leur point de vue, l’année 2024 a été marquée par la mise en œuvre de la filière bâtiment (REP PMCB). L’équipe des Responsables Régionaux a accompagné les collectivités locales dans ce processus de contractualisation qui représente une évolution très importante de la situation préexistante. L’équipe de Responsables de Développement Régional a de son côté piloté la mise en place des solutions de reprise pour le recyclage et le réemploi auprès des distributeurs.
En 2024, près de 300 collectivités locales représentant plus de la moitié de la population française, ont signé ce contrat PMCB/Bâtiment, dédié aux déchets issus de la construction ou de la démolition dans le secteur du bâtiment. « Nous leur proposons un accompagnement personnalisé, avec une simulation et une démonstration de notre système d’information (SI), ainsi qu’une formation des gardiens des déchèteries. Ce contrat leur permet également de bénéficier de soutiens financiers pour les éléments collectés », précise Matthieu Bissuel, Responsable des opérations en région. Les collectivités peuvent donc intégrer, sur certaines déchèteries, une collecte spécifique pour le bois, le plâtre, les huisseries vitrées… De son côté, Ecomaison met à leur disposition le type de contenant le plus adapté (benne, rack ou chevalet pour poser les fenêtres, caisses palettes…) en fonction du foncier disponible et des flux que la collectivité souhaite intégrer à son contrat. Cela peut amener à augmenter le nombre de contenants sur les déchèteries.
Le réemploi et le prolongement de la durée d’usage des produits sont au coeur de la stratégie d’Ecomaison. Parmi les différentes réponses pour y parvenir, les responsables de développement régionaux organisent des partenariats entre associations et distributeurs soumis à l’obligation de reprise. Elles récupèrent les produits collectés de manière préservante par les distributeurs stockés dans des conteneurs maritimes fermés et sécurisés.
Les responsables de développement régionaux interviennent sur les quatre agréments auprès des distributeurs et négoces. « Nous les rencontrons et réalisons un audit afin de trouver l’emplacement adéquat pour nos dispositifs de réemploi et de recyclage », détaille Rafal Ryszka, responsable du déploiement des solutions de reprise. L’installation est suivie par la formation des équipes en magasin, l’installation de la signalétique pour les consignes de tri et la configuration des outils informatiques.
Suite aux nouvelles dispositions introduites par la loi AGEC, les éco-organismes ont l’obligation d’optimiser leurs performances de collecte et de valorisation dans les DROM-COM, afin qu’elles soient équivalentes à celles observées dans l’Hexagone. C’est pourquoi, comme le souligne Lionel Quille, responsable DROM- COM chez Ecomaison, « ces territoires constituent une priorité pour Ecomaison ». Et ce, dans des territoires majoritairement insulaires, avec un foncier très rare et un nombre réduit d’installations locales de traitement et de valorisation des déchets.
Si 2024 s’est révélée être une année fondatrice pour les territoires ultramarins, elle le doit notamment à l’élargissement de l’offre servicielle d’Ecomaison en termes d’accompagnement de ses adhérents. Ses performances de collecte s’en sont d’ailleurs ressenties, et le nombre d’adhérents a très fortement augmenté au cours de cette année. Plus globalement, pour développer la collecte et la valorisation des produits et matériaux pris en charge, Ecomaison a élaboré en 2024 trois plans d’action pour le bâtiment, le bricolage-jardin et les jouets. « Nous avons mené un travail de fond avec les parties prenantes locales pour co- construire ces plans », précise Lionel Quille. Les marchés avec les opérateurs ont été par ailleurs renforcés, notamment avec la mise en place de caisses -palettes destinées au recueil de petits objets à des fins de réemploi.
Parmi les éléments phares de 2024, figure le lancement de trois AMI structurants, avec l’ambition de soutenir l’activité de réemploi dans les DROM-COM. En tout, 11 projets lauréats ont été financés en Martinique, Guyane, à Saint- Martin et à la Réunion. Pour Lionel Quille, la démarche témoigne « d’une volonté affirmée de soutenir nos partenaires de l’ESS, qui sont les acteurs clés du marché de la seconde main et d’une activité économique locale et durable. » Par ailleurs, pour aider les collectivités volontaires, Ecomaison a installé des bennes conjointes dites multi REP pour collecter des déchets d’une même matière (bois, plastique, mousses.) issus du bâtiment, du jouet, du bricolage ou de l’ameublement. « L’avantage d’un contenant transversal, c’est qu’il simplifie les modalités de collecte et de tri », poursuit Lionel Quille. Cette démarche a donné lieu à la pose de sept bennes multi REP à la Réunion et une à Mayotte. Un modèle amené à s’amplifier et à se dupliquer dans les autres territoires ultramarins.
« Le travail de co-construction engagé avec les associations commence à porter ses fruits. C’est structurant et prometteur : nous posons les premières pierres de relations sur le long terme ». Nathalie Tubiana
Chez l’association Rejoué, partenaire d’Ecomaison.
2024 a marqué le lancement du Fonds réemploi sur l’ameublement, en complément de ceux qui étaient déjà en déploiement sur les filières Jouets et Bricolage- Jardin (depuis fin 2022). Cette enveloppe financière, représentant au minimum 5 % des éco-participations perçues pour chaque filière, a permis d’allouer de sommes spécifiques au développement du réemploi solidaire, sous forme d’aides aux activités quotidiennes des structures de l’ESS ou de financement de leurs projets de développement d’activités nouvelles, pour augmenter leurs capacités de réemploi.
“Le réemploi a pris véritablement racine chez Ecomaison et infuse désormais l’ensemble des services et activités”, précise Véronique Poirier, Chargée de mission auprès de la Présidence.
Ecomaison a poursuivi la facilitation du geste de don et de tri afin de nourrir le gisement de produits des acteurs solidaires. « En 2024, nous avons accompagné la montée en charge du dispositif lancé en 2023 pour la collecte de petits objets. Nous avons également accéléré sur la collecte de gros objets : les meubles et les produits et matériaux de la construction et du bâtiment », explique Nathalie Tubiana, Responsable Nationale Développement du Réemploi.
En plus des bennes de recyclage déjà en place, de nouveaux conteneurs permettant le stockage préservant la qualité des meubles repris par les distributeurs ont commencé à être déployés sur les magasins. Une structure associative ou ressourcerie locale, jumelée avec le magasin, vient récupérer les objets en vue de leur réemploi. De la mise en relation à la mise en place des consignes de tri, Ecomaison accompagne ces jumelages locaux à chaque étape.
En plus du partenariat historique avec Emmaüs France, Ecomaison a conclu de nouvelles conventions nationales avec des acteurs majeurs de l’ESS : le Réseau des Ressourceries, ESS France pour les indépendants, et Rejouons solidaire pour les jouets. « Ces partenariats vont nous permettre de nous appuyer sur les têtes de réseaux pour déployer nos plans d’actions de terrain et renforcer leur impact : nous aider à animer l’écosystème, embarquer les structures locales dans nos dispositifs, assurer l’accompagnement individuel via la professionnalisation et la formation », reprend Nathalie Tubiana.
Pour aider les structures de l’ESS à développer leurs activités, notamment leurs capacités structurelles, et à trouver de nouveaux volumes à réemployer, trois nouveaux appels à projets ont été lancés en 2024 : un AMI (Appel à manifestation d’intérêt) Réemploi et Territoires, national, pour soutenir des projets déjà solides, un AMI Amorçage et Réemploi, pour des projets spécifiquement dans les DROM-COM et, en partenariat avec Ecominéro, un appel à projets « Chantiers », axé sur les projets de réemploi dans le bâtiment. « Ces appels à projets visent aussi à encourager les dynamiques partenariales, ajoute Nathalie Tubiana. L’enjeu est de créer du lien entre les acteurs locaux, en facilitant la connexion entre une offre et une demande, en trouvant des débouchés à un gisement ou en incitant à la mutualisation de moyens sur un territoire donné ».
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En 2025, Unilin produira des panneaux MDF et HDF intégrant 30 % de fibres recyclées. Grâce à son partenariat avec Ecomaison, cette initiative pionnière marque un tournant dans le recyclage industriel du bois.
Tester de nouvelles solutions, concourir à la vitalité des filières, partager les valeurs entre les acteurs de l’optimisation des ressources… Retour sur quelques grands principes qui font la particularité d’Ecomaison avec Fabien Cambon, directeur des Achats et de l’Innovation.
Innover, pour Ecomaison, c’est repérer les signaux faibles, pour définir les standards de demain. C’est, indépendamment de toute considération de rentabilité à ce stade, tester, dès la phase de laboratoire parfois, différentes solutions de collecte, réemploi, recyclage, valorisation, pour ensuite qualifier celles qui pourraient faire l’objet d’un déploiement à grande échelle.
Pour les plus matures, sur le point de basculer en phase opérationnelle, nous mettons en place des partenariats d’innovation : nous soutenons financièrement l’innovateur pour qu’il puisse réaliser les derniers tests et démontrer que sa solution peut devenir pérenne. Il s’engage à reconstituer les sommes avancées sous forme d’achat de matières issues de nos collectes, que nous lui fournirons pour nourrir son innovation passée à l’échelle industrielle. C’est ce que nous avons mis en place récemment avec la société Boudi par exemple, pour son projet de banches de coffrage en plastique recyclé.
C’est une approche gagnantgagnant : l’innovateur bénéficie d’un financement sécurisé pour développer son projet, tandis que nous assurons un débouché supplémentaire pour nos matières, favorisant à la fois des volumes écoulés plus importants et une meilleure valorisation de la matière. En revanche, si l’innovation n’atteint pas le stade de l’industrialisation lors de sa phase de développement final, Ecomaison assume le risque en renonçant au remboursement de l’apport consenti. Innover, c’est aussi accepter que certains projets que nous soutenons n’aboutissent pas, en raison de verrous techniques.
Mais cet échec apparent constitue en soi une information précieuse et structurante pour orienter les développements futurs.
Nous valorisons (réemploi, recyclage, valorisation énergétique) aujourd’hui 97 % des déchets que nous collectons, et nous en recyclons 45 %. Notre défi numéro un est de maintenir en permanence ces hauts niveaux, dans un contexte de diversification des déchets que nous avons à traiter et d’accroissement des volumes à gérer depuis que nous avons intégré de nouvelles filières REP (responsabilité élargie du producteur). Pour y parvenir, les outils industriels de recyclage et de valorisation mis à notre disposition par les opérateurs du secteur ne sont pas infinis. Nous devons donc, en tant qu’éco-organisme inducteur de nouvelles tendances, contribuer en permanence à la vitalité des filières. Cela passe par la mise en place de conditions propices à la création et au renouvellement des filières de recyclage. De plus, pour atteindre les objectifs de la loi AGEC en matière de circularité, nous devons inciter les industriels à substituer les matières vierges ou fossiles par des matières recyclées. Cela exige de faire monter le niveau qualitatif de ces matières pour générer de l’attractivité.
« Innover, pour Ecomaison, c’est repérer les signaux faibles, pour définir les standards de demain. » Fabien Cambon
D’abord, nous avons achevé, en collaboration avec le groupe belge Unilin, les tests sur le recyclage des déchets de bois MDF (medium density fiberboard) issus de ces mêmes produits en fin de vie. Cette matière était jusqu’à présent techniquement non recyclable, et nous avons réussi ensemble à démontrer le contraire. Ainsi, Unilin a récemment annoncé être en capacité de produire des panneaux MDF intégrant 30 % de fibres recyclées à partir de 2025. C’est une première, qui marque un tournant dans le recyclage industriel de ce type de déchets bois. Ensuite, nous poursuivons notre projet de réduction des volumes de déchets bois que nous exportons vers des pays tiers de l’Union européenne et qui représentent près de 100 000 tonnes par an (moins de 10 % du gisement bois). Cela est rendu possible grâce à l’investissement massif du secteur de la fabrication de panneaux de particules en France qui s’est engagé dans un processus important de modernisation de ses outils de recyclage, générant ainsi des capacités additionnelles très importantes de consommation de bois déchets dans les trois prochaines années. Additionnellement, nous continuons de travailler sur notre projet d’obtention d’un arrêté de sortie du statut de déchet des déchets bois collectés, triés et préparés par Ecomaison pour disposer de capacités alternatives de production de chaleur décarbonée à partir de déchets de bois, participant pleinement à l’objectif de neutralité carbone de la France à l’horizon 20250.
C’est un fait, chez Ecomaison, la valeur se partage ! Nous ne sommes qu’un maillon de la chaîne de l’optimisation des ressources. Nous cherchons à générer des partenariats tripartites, parfaitement transparents, entre toutes les composantes industrielles de la chaîne de valeur de la ressource déchet, au sein desquels les conditions de partage de la valeur est clairement déterminée dans l’intérêt de chacune des parties. Dans ce modèle singulier proposé par Ecomaison, chacun doit pouvoir trouver sa juste place et se projeter dans le long terme, quelles que soient les fluctuations du marché. Dans un monde en pleine transformation, où nous passons d’un modèle linéaire — un produit devenant un déchet à éliminer — à une gestion plus rationnelle de la matière, où le déchet de l’un devient la ressource de l’autre, Ecomaison se donne pour ambition de construire, pas à pas, tous les maillons de cette boucle vertueuse.
Mark Irle : Bois Check est une solution inédite qui permet de repérer rapidement les bois traités, directement in situ, sur les chantiers ou dans les sites de collecte ou de tri. Cela permet d’éviter qu’ils se retrouvent en mélange dans les bennes de bois, car même en faible quantité, ces bois traités peuvent venir perturber le recyclage, notamment la fabrication de panneaux de particules à partir de bois recyclé. En effet, la présence de bois traité peut entraîner le dépassement des teneurs maximales dans les produits mis au marché. La solution que nous proposons avec Bois Check se présente sous la forme d’un stylo rechargeable, contenant un réactif dans un solvant qui change de couleur au contact du bois imprégné de cuivre, donc traité. Il suffit d’appliquer cette « encre » sur le bois, en passant le stylo, comme on le fait quand on utilise un surligneur. Deux formulations différentes de produits réactifs permettent en outre de réaliser un double contrôle.
« Ce projet illustre pleinement notre soutien à l’innovation, particulièrement ancré chez Ecomaison, qui lance régulièrement des appels à projets et y consacre beaucoup de moyens. » Ambre Le Ferrec
Ambre Le Ferrec : Le projet Bois Check répond à une problématique centrale pour Ecomaison : celle du tri des bois traités. Le bois est depuis toujours au cœur de notre stratégie matière. C’est une ressource recyclable que nous cherchons à valoriser avec deux engagements forts : garantir à tous nos partenaires que tout le bois collecté sera recyclé ou valorisé, et leur proposer une ressource locale, abordable et de qualité. La solution Bois Check est utile à deux titres. D’abord, elle permet de mieux contrôler à la source la qualité des bois fournis tant pour le recyclage que pour la valorisation énergétique. C’est d’autant plus important depuis notre agrément pour prendre en charge les produits et matériaux de construction du bâtiment (filière REP PMCB) au sein de laquelle la présence de bois traité est plus importante. Nous souhaitons donc anticiper l’évolution du type de déchets bois retrouvés dans les bennes bois. De plus, en isolant ces bois anciens traités, parfois, avec des substances que l’on dit « héritées », nous avons la possibilité de les orienter vers des filières de traitement appropriées, et participer ce faisant à la diminution de leur présence sur le marché.
M. I. : Pour un chercheur, c’est la collaboration idéale ! L’aide financière a été capitale. Surtout, Ecomaison nous a immédiatement fait confiance. Nous avons présenté nos avancées très régulièrement, en toute transparence : ce qui fonctionnait, ne fonctionnait pas, car nous avons suivi plusieurs pistes avant de trouver la bonne formulation.
A. LF. : Ce projet illustre pleinement notre soutien à l’innovation, particulièrement ancré chez Ecomaison, qui lance régulièrement des appels à projets et y consacre beaucoup de moyens. Depuis toujours, notre soutien évolue en fonction de nos besoins et des matériaux qui entrent au fur et à mesure dans la composition des gisements de déchets. Mais surtout, nous soutenons tous types de projets, de l’idéation à la R&D plus avancée, jusqu’au soutien à l’industrialisation par le biais de partenariats d’innovation. Bois Check est un pur projet d’idéation, qui a permis de faire la preuve d’un concept. L’étape suivante serait qu’un industriel ou des utilisateurs se saisissent de cette solution.
Un stylo transportable et rechargeable qui per- met une utilisation intuitive sur le terrain.
Pour lever les freins à l’usage des matières recyclées, Ecomaison met en ligne pour ses adhérents une plateforme connectant recycleurs et industriels. Bois, plastiques, mousses ou textiles : l’outil simplifie l’accès à une offre fiable et régulière. « Notre objectif est clair : travailler en amont pour que chaque produit en fin de vie devienne une ressource et garantir qu’il puisse entrer dans une boucle de recyclage et de valorisation », souligne Gwendal Michel, responsable R&D.
“ L’idée est de donner à voir toutes les solutions possibles – du réemploi via les associations, à la reprise en magasin ou le dépôt directement en déchetterie. » Amélie Ferrand
Expliquer qui nous sommes, pourquoi nous existons, comment chacun peut agir simplement : tel est le cœur du travail mené par Ecomaison auprès des citoyennes et citoyens. À travers cette interview croisée, Amélie Ferrand et Louis-Paul Laclaire partagent leur vision d’une communication accessible et mobilisatrice.
Une conversation à deux voix pour décrypter le lien essentiel entre pédagogie, confiance et passage à l’action.
Louis-Paul Laclaire : Parce que ce sont les Françaises et les Français qui financent l’éco-participation à travers leurs achats. En réalité, ils achètent un service de collecte, de réemploi et de recyclage… mais sans le savoir toujours. Et pourtant, ce service ne fonctionne que si chacun participe activement : en déposant ses objets dans l’un de nos 12 000 points de collecte, on enclenche la chaîne du réemploi et du recyclage. Pour que cette dynamique prenne, il faut que les gens sachent que ce réseau existe.
Amélie Ferrand : Notre ligne directrice, c’est justement d’expliquer. Expliquer qui nous sommes, pourquoi nous existons, à quoi sert l’éco-participation. Plus on explique, plus on crée de la confiance. Et plus on rend visibles les étapes de la seconde vie d’un objet, plus on donne envie de s’impliquer.
A.F. : Il nous oblige à être plus accessible, plus lisible. Les objets changent, ils sont plus nombreux, ils sont parfois petits, liés à de nouvelles filières… Il y a encore beaucoup de méconnaissance sur les bons gestes à adopter. Alors on diversifie les canaux : réseaux sociaux, site web, campagnes, actions de terrain. L’idée est de donner à voir toutes les solutions possibles – du réemploi via les associations, à la reprise en magasin ou le dépôt directement en déchetterie. Cette pluralité est une richesse, encore faut-il la faire connaître.
L.-P.L. : Déjà, un grand merci. Merci pour la confiance, mais aussi pour leur engagement. C’est grâce à cet élan commun que, concrètement, sur le terrain, l’économie circulaire avance. Je souhaite aussi les inviter être des relais de nos message : sur leurs points de vente ou leur point de reprise par exemple.
A.F. : Côté communication, je dirais simplement que tout ce que nous construisons ensemble contribue à cette visibilité. Plus nos adhérents s’impliquent, plus le grand public comprend le sens de leur geste.
L.-P.L. : Renforcer notre maillage territorial. Nos 12 000 points de collecte doivent être au plus près des lieux de vie. Et un geste simple, c’est un geste durable. Si le tri devenait une contrainte, c’est que nous aurions manqué quelque chose.
A.F. : L’enjeu était de faire entrer Ecomaison dans le quotidien des Français. Avec humour, on a illustré une situation familière : “Vous ne savez pas quoi faire de cet objet ? Nous, on sait.” On voulait montrer que des solutions existent, qu’on est là pour les rendre simples, accessibles… et utiles.
L.-P.L. : Oui, ce terme reflète une réalité : chacun a un rôle à jouer. Mais attention à ne pas en faire un slogan. À nous de créer les conditions concrètes de l’action — avec des repères clairs, des solutions visibles, des parcours simples. C’est ainsi que l’on embarquera tout le monde dans cette dynamique circulaire.
A.F. : Consom’acteur, c’est un mot qui a du sens : il traduit bien l’idée que le consommateur peut devenir un maillon actif de la chaîne. Mais ce n’est pas suffisant de lui dire “à vous de jouer”. Pour qu’il devienne acteur, encore faut-il lui donner les moyens d’agir. C’est là que notre rôle commence : en facilitant l’accès à l’information, en rendant les solutions visibles, concrètes, proches de son quotidien. Qu’il s’agisse de déposer un objet dans un point de collecte, de préférer un produit intégrant des matières recyclées, de faire don d’objets inutilisés à des associations, chacun doit pouvoir faire ce pas simplement, avec l’assurance que son geste a du sens et s’inscrit dans un dispositif cohérent.
À nous de créer les conditions concrètes de l’action — avec des repères clairs, des solutions visibles, des parcours simples.” Louis-Paul Laclaire
Sur cette page, retrouvez l’intégralité des vidéos en ligne, articulées autour d’interviews croisées et de témoignages de terrain.
En ouverture, une conversation engagée entre Véronique Riotton, députée de Haute-Savoie et ancienne présidente du Conseil national de l’économie circulaire, et Dominique Mignon, présidente d’Ecomaison. Elles y explorent les dynamiques concrètes impulsées par la loi AGEC.
La parole est ensuite donnée aux équipes d’Ecomaison, qui partagent leur expérience autour de thématiques clés : accompagnement des adhérents, coopération avec les territoires, développement du réemploi, innovation matière, sensibilisation du grand public…
Un panorama riche et vivant, porté par celles et ceux qui agissent chaque jour en faveur d’une économie plus circulaire et responsable.
Télécharger la plaquette chiffres clés en PDF
Ecomaison est l’éco-organisme agréé par l’État pour gérer le tri, la collecte, le réemploi et le recyclage des objets et matériaux de la maison : mobilier, literie, textiles de décoration, produits et matériaux de construction du bâtiment, articles de bricolage et de jardin, jouets.
En 2024, Ecomaison a collecté 1,7 million de tonnes d’objets et matériaux de la maison et du bâtiment, recyclées à 97% (réemploi, recyclage, valorisation énergétique).
Avant la création d’Ecomaison (ex Eco-mobilier en 2012) 55% des meubles étaient enfouis. Les progrès et les innovations d’Ecomaison font de l’éco-organisme un acteur de référence dans l’Économie Circulaire.
12 600 entreprises adhérentes
près de 12 000 points de collecte :
1 749Kt collectées :
97% de valorisation :