Actualités Accélérer l’éco-conception grâce à la force des Groupes de Travail Ecomaison

Accélérer l’éco-conception grâce à la force des Groupes de Travail Ecomaison

Dernière mise à jour le

Temps de lecture 7 min

Les Groupes de Travail (ou GT), animés par Ecomaison, permettent de réunir fabricants, distributeurs, chercheurs, régénérateurs et experts de la fin de vie autour d’une même ambition : transformer les pratiques industrielles pour réduire l’impact environnemental des produits mis sur le marché.

En 2025, les équipes d’Ecomaison ont poursuivi ou initié trois groupes de travail sur des thématiques clés : l’éco-conception des produits rembourrés, la réincorporation de plastique recyclé, et l’allongement de la durée d’usage des produits. Ces GT avancent en parallèle afin de travailler collectivement sur des enjeux techniques souvent complexes mais déterminants pour les filières. Nous revenons aujourd’hui sur leurs objectifs, leurs avancées et premiers résultats.

Le groupe de travail “Eco-conception des produits rembourrés” :


Laure Bisson, expert textile, Direction Technique & Innovation

Les meubles rembourrés sont composés de nombreux matériaux (textiles, mousses, structures en bois ou métal…) dont l’assemblage est complexe. Cela génère des obstacles techniques et opérationnels majeurs et rend aujourd’hui particulièrement difficile leur démantèlement, et donc leur réparation ou leur recyclage. En conséquence, la fin de vie de ces produits se limite aujourd’hui très largement à la valorisation énergétique.

À la suite des Innovation Days 2024, et face à ce constat partagé, un groupe de travail dédié a été lancé, animé par Laure Bisson, responsable Innovation Ecomaison. Son objectif : comprendre concrètement les freins à la réparation et au recyclage des produits rembourrés afin de poser les bases d’une filière plus vertueuse, via l’éco-conception et via les progrès de l’éco-organisme sur la fin de vie. Depuis l’automne 2024, quatre sessions de travail ont été organisées avec des participants comme Adova, Cofel, Camif, Fermob, Ligne Roset, Tediber, ainsi que les distributeurs BUT et Conforama.

Après un premier temps consacré à la sensibilisation des acteurs aux problématiques actuelles, les sessions suivantes se sont concentrées sur les leviers à activer afin d’améliorer la recyclabilité et la réparabilité des produits rembourrés :

  • Plusieurs interventions ont donné des clés afin de progresser sur la réparabilité : utilisation et développement d’un outil d’évaluation ad hoc, vente de pièces détachées, ateliers et activités de réparation…
  • Des expérimentations de démantèlement concrètes sur des produits représentatifs – convertibles, structures bois et sommiers tapissiers ont permis d’évaluer la faisabilité du démantèlement en vue de la réparation ou du recyclage ainsi que la qualité des matières récupérées.
  • Les brainstorming et atelier sur de nouveaux assemblages ont fait émerger des conceptions permettant de simplifier le démontage et la maintenance, tout en préservant performance et esthétique.

Ainsi les essais réalisés ouvrent la possibilité de reconsidérer le niveau de recyclabilité des produits, à condition de déployer les traitements adaptés en fin de vie selon la nature des matériaux. Concrètement et suite au GT, de nouvelles filières de recyclage, dédiée aux coussins d’assises de canapés pour les mousses et aux sommiers pour le bois, sont expérimentées dans les prochains six mois. Par ailleurs, le groupe a identifié des axes d’éco-conception à privilégier, en fonction des produits, et repart notamment avec un cahier d’idées d‘assemblages simplifiés, illustrés et approfondis avec des designers, pour en discuter au sein des entreprises ou avec leurs fournisseurs. L’ensemble de ces pistes constitue un potentiel concret de progrès pour la filière !

Le GT “Réincorporation de plastiques recyclés” : une collaboration exemplaire pour qualifier des résines recyclées compétitives


Gwendal Michel, expert plastique, Direction Technique & Innovation

Le GT Plastiques, animé par Gwendal Michel, répond à un défi majeur : développer l’utilisation de plastiques issus des gisements post-consommation Ecomaison dans la production de formulation de résines régénérés pour nos adhérents. Nos gisements sont effectivement riches de diverses résines telles que les PP, PE, ABS, PS et PVC, d’origine diverses et présentant une forte diversité de couleur (mix couleur). L’objectif est de produire des résines régénérées à partir de fractions triées de ces résines, qui doivent correspondre aux exigences des cahiers des charges de production de nos metteurs en marché d’intégrer des résines recyclées pour substituer des résines issues du vierges ou de la post-production Ecomaison a notamment travaillé avec Smoby, fabricant français de jouets engagé dans l’intégration de matières recyclées. Le polypropylène (PP), très utilisé dans ses produits, a été la priorité du GT. Le défi principal : produire à partir du gisement mobilier une résine régénérée PP qui respecte les exigences de la norme jouet EN 71, ainsi que les exigences techniques propres à SMOBY sans oublier de forts enjeux esthétiques et de couleurs.

Pour cela, le GT a mis en œuvre un travail technique complexe, associant tri des flux dont un tri couleur de la part “blanche” du gisement de mix couleur, le développement de formulation à l’échelle laboratoire puis industrielle de PP chez Plastiloop (Veolia). Ces formulations teintées masse doivent en tout point présenter les caractéristiques demandées par SMOBY. Ces matériaux ont ensuite été testés pour vérifier leur processabilité, leurs performances mécaniques et leur conformité aux exigences chimiques et normatives. Le respect des couleurs est également un point crucial du projet. Les essais, la méthode de travail, le développement d’analyses chimiques dédiées ont permis de définir une architecture de tests applicable à d’autres projets.

Malgré les contraintes liées au gisement (mélange de couleurs, flux hétérogènes), le GT a produit un cas d’école pour démontrer la faisabilité industrielle et normative de l’incorporation de résines recyclées dans le jouet qui vise à aider à l’intégration de résines de la post-consommation dans des productions industrielles mais également à soutenir l’activité des métiers de la collecte, du tri et de la régénération des plastiques qui grâce à leur avance technique et technologique rpeuvent répondre aux enjeux de décarbonation de nos industries.

Allongement de la durée d’usage : inscrire la circularité dans les modèles économiques

Le GT « Allongement de la durée d’usage », piloté par Benoît Godon, a été lancé en juin 2025 à l’occasion des Innovation Days L’objectif est d’xporer les novueaux modèles économiques circulaire tels que l’économie de la fonctionnalité, la location, le réemploi ou la réparation afin de multiplier les usages et les usagers des produits

Après une première session dédiée aux écosystèmes nécessaires à la mise en place de ces services circulaires, la deuxième session, en novembre, a permis d’explorer la piste de l’économie de la fonctionnalité et la mise à disposition des produits sous forme d’abonnement.

En 2026, Ecomaison stimulera la création d’un projet pilote autour de l’économie de la fonctionnalité et deux nouvelles séances de travail collectives sur la seconde main et la réparation.

Une ambition commune : construire collectivement les solutions de demain

Si leurs thématiques diffèrent, les trois GT partagent une même logique : expérimenter, confronter les pratiques et construire collectivement des solutions concrètes. Qu’il s’agisse de repenser les meubles rembourrés, de qualifier des résines plastiques ou de structurer de nouveaux modèles économiques, ces travaux permettent de transformer des idées en actions, et de préparer des filières durables et circulaires.

Enfin, les participants aux groupes de travail ont souligné l’importance du travail collectif entre fabricants, distributeurs, fournisseurs et Ecomaison. Confronter les contraintes de chacun — exigences commerciales, coûts de production, enjeux de fin de vie — est indispensable pour progresser. Sortir du travail en silo est la seule manière de rester compétitif et d’accélérer la transition vers des modèles réellement circulaires.