Ecomaison vous emmène sur le chantier Avant Seine, à Paris, pour vous présenter un bel exemple de réemploi des produits de la filière bâtiment. Ce chantier de réhabilitation dont le curage a été confié à Neom (filiale de VINCI Construction), s’est organisé autour d’une collaboration efficace avec les éco-organismes Ecomaison et Ecominéro, mais aussi des entreprises de réemploi, comme Avec Service.
Lorsqu’un immeuble change de propriétaire, les travaux de réhabilitation et/ou d’aménagement sont souvent très importants. Jusqu’à récemment, les matériaux et équipements retirés étaient la plupart du temps jetés pendant la phase de curage, qui consiste à faire place nette pour procéder aux changements demandés. Faux plafonds, sanitaires, moquettes, pierres agrafées… On essaie aujourd’hui de préserver tout ce qui peut l’être en vue de réemploi.
Les particularités du réemploi dans le bâtiment
Débutés au cours du 4ème trimestre 2023, les travaux de réhabilitation d’Avant Seine, ensemble immobilier déployé sur 45 000 m² de surface de plancher et composé de 8 niveaux en superstructure, 3 niveaux intermédiaires et 3 niveaux de sous-sols, vont durer près de six mois.
Sur un chantier, les opportunités de réemploi demandent une grande réactivité pour ne pas freiner le curage en cours et garder les matériaux pouvant avoir une seconde vie.
Louise Fischer,
Chargée de projets Economie Circulaire
et Gestion des déchets chez Neom
Un travail de stratège enthousiasmant pour cette jeune ingénieure, qui, en amont du curage, doit gérer la dépose soignée des matériaux en vue du réemploi, puis, au fur et à mesure du curage, doit signaler la mise à disposition imminente de matériaux aux repreneurs intéressés, négocier les conditions de la collecte et organiser l’enlèvement… tout cela dans des délais très courts pour ne pas ralentir le chantier. Avec à l’esprit un objectif permanent : éviter de jeter.
Le réemploi dans le bâtiment demande, peut-être encore plus que dans d’autres secteurs, un changement de culture. Il est indispensable de sensibiliser les équipes présentes sur les chantiers à la protection de matériaux afin que cela devienne un réflexe pour tous. Impossible, par exemple, d’entreposer des gravats, même de manière transitoire, sur une moquette encore en bon état ! Tout doit donc être pensé pour préserver tout ce qui peut l’être.
Il faut aussi communiquer largement sur les avancées dans le domaine, donner des garanties, pour élargir, chantier après chantier, le périmètre des produits et matériaux qui peut être repris.
Pour Avant Seine, une ambition-record de réemploi
Autrefois géré par les conducteurs de travaux, le réemploi bénéficie maintenant de plusieurs postes sur les projets de Neom, dont une « chargée de projets économie circulaire » qui gère tout le réemploi sur les chantiers, comme une « conductrice travaux réemploi ». A côté, un « assistant réemploi » dédié à la maîtrise d’ouvrage peut être aussi présent dès le cadrage du projet afin de gérer le réemploi sur l’entièreté du projet.
Et ça fonctionne ! L’Avant Seine est le premier chantier Neom avec une telle demande de réemploi. Objectif : 660 tonnes, là où, il y a encore quelques années, moins d’une dizaine de tonnes étaient réorientées vers le réemploi.
Cette reprise concerne les faux planchers, les sanitaires, les pierres agrafées… et même les faux plafonds, pourtant réputés trop fragiles. Là, 10 000 m2 de ces produits ont été sauvegardés. Une première en France.
Le curage se transforme petit à petit. En fait, tout le métier se transforme ! On doit être à la pointe.
Louise Fischer,
Chargée de projets Economie Circulaire
et Gestion des déchets chez Neom
Un vrai travail d’équipe
Pour Avant Seine, Ecomaison l’éco-organisme agréé pour les dechets non inertes et Ecominéro l’éco-organisme agréé pour les déchets minéraux et inertes du bâtiment (béton, éléments en terre cuite, céramique, pierre, ardoise…) sont intervenus pour orienter vers le réemploi ou le recyclage les matériaux identifiés lors du diagnostic réglementaire PEMD (Produits, Équipements, Matériaux, Déchets) qui cadre les conditions de prise en charge des déchets de chantier.
Ecomaison et Ecominéro proposent aux entreprises soumises à la Responsabilité Elargie du Producteur des Produits et Matériaux de Construction du Bâtiment (REP PMCB) pour les catégories 1 (minéraux, inertes) et 2 (second œuvre, non inertes) une offre complète de collecte, de recyclage et de services pour leur permettre de répondre à leurs obligations réglementaires de recyclage. Ils soutiennent par ailleurs des actions visant au réemploi et à la réutilisation des produits, équipements et matériaux.
Ce partenariat entre les deux éco-organismes a été pensé pour faciliter les synergies sur chantier et la prise en charge de produits de tous les matériaux du bâtiment mais aussi d’autres filières de recyclage, telles que celles de l’ameublement ou encore des articles de bricolage et de jardin.
C’est dans ce cadre que Rafal Ryszka, Responsable du développement des solutions opérationnelles chez Ecomaison et Elodie Combileau, cheffe de projet Réemploi chez Ecominéro, ont collaboré pour trouver ensemble des solutions au réemploi de nombreux sièges en bon état présents dans l’auditorium, ainsi que des pierres marbrées posées sur les murs.
En matière de réemploi dans le secteur du bâtiment, on est tous des pionniers. C’est un enjeu collectif, donc il faut se parler et collaborer à tous les niveaux de la chaîne pour y arriver. On apporte tous notre pierre à l’édifice.
Elodie Combileau,
Chef de projet Réemploi à Ecominéro
Avec Service, entreprise spécialisée dans le réemploi et la réutilisation depuis 2001, a organisé la collecte.
Patrice Salvignol, dirigeant d’Avec Service, mandaté par Ecomaison pour ce gisement, s’est déplacé sur le chantier pour évaluer l’état des sièges et les possibilités de les emporter sans les abîmer. Car la reprise pour du réemploi doit répondre à trois conditions :
- L’état de l’objet ou du matériau doit permettre la pratique du réemploi, en supportant la logistique, liée à sa collecte ;
- Le fournisseur doit être prêt à céder son produit, en énonçant ses conditions de reprise, à travers un cahier des charges ;
- Il doit exister un marché pour son réemploi.
Je travaille dans le réemploi depuis 2001. Il y a encore quelques années, l’argument pour y recourir était surtout économique.
Aujourd’hui, le respect de l’environnement occupe une place prépondérante dans la prise de décision relative à la cession d’un produit ou d’un matériel. On sent que les mentalités ont beaucoup évolué et c’est une bonne chose !
Patrice Salvignol,
fondateur d’Avec Service www.avecservice.com
Avec Service n’avait jamais récupéré de sièges de ce type, mais dans le domaine du réemploi, tout est à inventer. C’est l’occasion pour l’entreprise de tester un nouveau marché et, si cela s’avère porteur, de prendre en charge de futurs gisements.
Ecomaison soutient le réemploi
En tant qu’éco-organisme, nous encourageons évidemment le réemploi avant le recyclage. Conformément à son plan d’actions pour le réemploi, Ecomaison se doit d’accompagner les acteurs de cet écosystème complexe pour faciliter ces opérations.
C’est une grande fierté d’être aux côtés des entreprises qui participent à offrir une seconde vie aux produits et matériaux du bâtiment, sur divers chantiers de réhabilitation comme Avant Seine.
Denis Blanchard,
Responsable des filières Bâtiment & Bricolage-Jardin
Le chantier Avant Seine est une belle illustration des possibilités de réemploi dans le bâtiment et de la vitalité de tous les acteurs du secteur, portés par le rôle qu’ils ont à jouer dans cette évolution.