Recyclage textiles : Ecomaison lance une consultation pour innover et structurer la filière

Ecomaison poursuit ses efforts pour structurer une filière textile performante. Après la consultation de 2024, qui visait à renforcer la collecte, nous lançons un nouvel appel d’offres, adossé à un appel à partenariat d’innovation, pour développer des solutions de recyclage industrielles et efficaces des matières textiles des produits usagés collectés par Ecomaison. Les explications de Laure Bisson, responsable Pole Innovation Matériaux et Substances, et Julien Rondot, acheteur Ecomaison, spécialisé sur le marché de la literie et du textile.

Pourquoi lancer, maintenant, une nouvelle consultation sur la filière textile ?

Julien Rondot : Parce que nous collectons de plus en plus de matières textiles, et de plus en plus diverses. Avant l’extension de la filière ameublement aux éléments de décoration textile en 2023 et notre agrément pour la filière jouets, nous traitions uniquement des textiles issus des gros objets d’ameublement, essentiellement des enveloppes de matelas.

Laure Bisson : Pour remplir notre mission et atteindre les objectifs fixés par l’État sur le recyclage des textiles, nous devons travailler différemment. Notre premier défi était de travailler la collecte des articles qui comprennent du textile, en particulier des petits articles constitués majoritairement de textiles, qui sont des matières fragiles, plus sensibles à l’humidité et aux souillures et, qui plus est, étaient souvent jetés dans les ordures ménagères. C’était l’objet de l’appel d’offres que nous avons lancé en 2024.

Quels sont les enjeux spécifiques du recyclage de ces produits textiles ?

Laure Bisson : Le principal enjeu est lié à l’hétérogénéité et la complexité des produits et matières : coton, polyester, rembourrage en plumes, fibres liées les unes aux autres, collées à de la mousse, cousues… Avec, de plus, souvent des « points durs » perturbateurs de recyclage : yeux en plastique des peluches, fermetures éclair des coussins, œillets des rideaux… Nous devons développer la filière à toutes les étapes : du sur-tri, pour séparer des matières, à leur préparation (lavage, hygiénisation, effilochage, broyage, déchiquetage…), jusqu’à leur recyclage, matériau par matériau, via des procédés mécaniques ou chimiques. Il faut aussi trouver des débouchés à ces nouvelles matières ou nouveaux matériaux recyclés, c’est-à-dire des acteurs intéressés pour les réincorporer dans leurs nouveaux produits. Chez Ecomaison, nous sommes particulièrement intéressés par développer des boucles de recyclage dans nos secteurs. Tout est à construire.

Concrètement, quels types de projets souhaitez-vous voir émerger, portés par quel type d’acteurs ?

Ecomaison x ESS : des actions concrètes qui fonctionnent

Julien Rondot : Préparateurs de déchets textiles et recycleurs, seuls ou en groupement, fabricants cherchant à incorporer des matières recyclées, cet appel d’offres, adossé à un partenariat d’innovation, est très complet et très ouvert. Comme l’a indiqué Laure, l’enjeu est d’identifier des partenaires en mesure de réceptionner, préparer et recycler les flux textiles à l’échelle et au niveau de maturité industrielles. Mais nous souhaitons également accompagner des projets avancés, des entreprises dont les solutions sont déjà avancées, sur le point de passer à l’industrialisation. Et, dans la mesure du possible, trouver des synergies sur l’ensemble de la filière, de la partie collecte, encore perfectible, au traitement aval et à l’intégration de matière dans des produits neufs.

Des expérimentations sont-elles déjà en cours ?

Laure Bisson : Grâces aux appels à projet précédents, beaucoup de pistes sont déjà ouvertes, par exemple sur l’extraction des points durs, le sur-tri des matières des matelas, le recyclage mécanique, notamment pour la fabrication de non-tissés, ces feutres utilisables en matériaux d’isolation pour le bâtiment ou l’automobile ou en matière de rembourrage. Des tests de tri par couleurs, pour obtenir des matières de couleur homogène, plus facilement intégrables par les industriels, et de recyclage chimique du polyester, pour générer une matière première recyclée en alternative au polyester pétro-sourcé, sont également réalisés. Nous échangeons aussi beaucoup avec Refashion, l’éco-organisme en charge de la filière habillement, linge de maison et chaussures, sur nos process et expertises spécifiques. Notre ambition est de saisir toutes les opportunités pour devenir fournisseurs de matière première secondaire, aller vers la circularité et réduire l’utilisation de matière première vierge. Pour cela, nous devons, maintenant, évaluer tous les acteurs et leurs procédés innovants, sous tous les angles ; technique, économique et environnemental. C’est tout l’objectif de cette consultation.