Être un éco-organisme pour la filière Jouet, c’est porter la voix du secteur et agir ensemble pour une économie circulaire. C’est aussi guider les producteurs sur le chemin de l’écoresponsabilité. Depuis 2020, Smoby, le premier fabricant de jouets en France est partenaire d’Ecomaison.
Des jouets plus verts : le défi relevé par Smoby

“Quand on développe un produit chez Smoby, on parle durabilité, réparabilité et recyclabilité. Il manquait le dernier maillon de la chaîne : la matière plastique recyclée, et comment l’incorporer dans nos produits. Nous avons trouvé chez Ecomaison la capacité à mettre en place ce cercle vertueux, en trouvant des sources et les qualifiant.”
Alexis Delorme, directeur général de Smoby Toys SAS
“Ecomaison nous accompagne en facilitateur dans la mise en œuvre de la REP Jouets, en faisant le lien avec différents acteurs du monde du recyclage.”
Retrouvez les explications d’Alexis Delorme et d’Alexandra Fanget, responsable Achats et Juridique en vidéo.
Rencontre avec Élise Thomas, responsable Recherche & Développement (R&D) chez Smoby.
Quel rôle joue la R&D dans le développement de produits éco-conçus chez Smoby ?
Elise Thomas : Elle en est la garante ! Si nous assurons aujourd’hui l’éco-conception en partenariat avec Ecomaison, nous y travaillons depuis bien avant la mise en place de notre filière à Responsabilité Élargie du Producteur (REP). Nous actionnons plusieurs leviers. D’abord, nous développons nos produits en limitant autant que possible les mix de matières, entre matériaux mais aussi entre types de plastiques.
Nous privilégions les polyoléfines – le polyéthylène en injection, et le polypropylène en injection et soufflage -, les plastiques les mieux recyclés actuellement en France. Et nous intégrons au maximum les clips d’assemblage directement dans les pièces, dans le même matériau, pour éviter les vis métalliques.
Ensuite, nous concevons des produits facilement démontables. Si l’utilisateur doit remplacer une pièce ou en fin de vie, au moment de mettre le jouet dans une benne de recyclage, il doit pouvoir isoler les différentes matières sans difficulté. Enfin, nous travaillons sur le poids des jouets : moins nous mettrons de plastique, moins nous utiliserons de ressources pétrole ! Tout l’enjeu est de trouver le bon équilibre entre légèreté et résistance, car pas question d’impacter la qualité de nos produits.
Travaillez-vous aussi sur les outils de production ?
E.T : Ils font partie intégrante de notre approche. Nous utilisons des machines hybrides ou électriques pour la fabrication des pièces en plastique. Dimensionnement des moules, chargement optimal dans l’outil, nous cherchons à limiter au maximum la consommation d’énergie par rapport au nombre de pièces produites. Nous utilisons aussi des logiciels de rhéologie (études des fluides) pour analyser en amont le comportement du plastique fondu dans l’outillage, afin de positionner au mieux les points d’entrée de la matière et de dimensionner leur taille et leur nombre, car cela a un impact sur l’énergie consommée. Rien n’est laissé au hasard.

Quels défis techniques rencontrez-vous lorsque vous travaillez avec des matériaux recyclés ou éco-responsables ?
E.T : Le plus gros défi, ce sont les couleurs. Nos produits sont censés être bien colorés ! Or, les plastiques recyclés sont souvent gris ou verdâtres et pas aussi facilement colorables qu’une matière vierge. Nous travaillons avec Ecomaison pour trouver les bonnes sources, même si elles sont plus chères, via des intégrateurs ou des contenders qui proposent des matières moins neutres ou qui travaillent avec des coloristes pour contrer cette couleur de base. Nous nous approvisionnons aussi, quand c’est possible, en matières pré-triées. Dans certains centres de tri, il existe des machines permettant d’isoler les pièces de couleurs différentes.
Notre autre défi technique est lié à la fabrication. La fluidité des matières plastiques recyclées est moins stable qu’une matière vierge. Pour obtenir les pièces de la forme voulue, nous sommes souvent obligés de régler nos machines d’un lot à l’autre. Nous apprenons à travailler différemment. Nous regardons aussi d’un œil de plus en plus intéressé les techniques émergentes, qui permettent de réajuster automatiquement les process sur les machines, avec à la clé moins de perte de temps et de rebus.
À quels autres challenges devez-vous faire face ?
E.T : Ils sont liés au respect de la norme européenne sur le jouet. Dans sa partie sur le risque chimique, elle est très proche de celle pour les plastiques en contact avec des aliments. Or, dans une vie antérieure, les matières premières recyclées peuvent avoir été en contact avec des polluants, de la lessive par exemple. Nous n’utilisons bien sûr que des lots de matières conformes, certifiés par le fournisseur.
À défaut, nous faisons analyser un échantillon par un laboratoire avant d’utiliser le lot. Une autre partie porte sur l’aspect mécanique. Pour garantir une qualité produit optimum, Smoby a fait le choix stratégique d’aller au-delà de la norme européenne, notamment en matière de charge supportée.
Or, les propriétés mécaniques des matières plastiques recyclées sont bien inférieures à celles de la matière vierge, par exemple parce qu’elles ont été en contact avec le soleil ou qu’elles ont déjà été transformées plusieurs fois. Elles sont plus fatiguées ! Nous travaillons pour essayer de les booster avec des adjuvants, pour les aider à retrouver des propriétés suffisantes. Nous intégrons également désormais cette fragilité potentielle dès la conception de nouveaux produits.
“L’éco-conception n’est pas une nouveauté chez Smoby, mais Ecomaison nous aide à accélérer notre démarche, notamment en nous apportant de nombreux contacts pour trouver de la matière recyclée.”
Elise Thomas, Responsable innovation
